«Les changements décisifs dans la corrélation de forces ne seront jamais électoraux»
Ángeles Maestro (Red Roja):
En utilisant les résultats électoraux comme excuse pour ne pas réfléchir sur la situation politique-électorale, quel paysage nous laissent-ils…..
L’apparence, presque jamais coïncide avec la réalité.
Le débat des media sur les différentes possibilités de gouvernement, occulte que le facteur plus remarquable qui se dégage des élections est la faiblesse des classes au pouvoir et la grande instabilité politique. Autrement dit, ils l’ont chaque fois plus difficile d’accomplir leur programme qui, inéluctablement, consiste à asséner des coups à la classe ouvrière et les secteurs populaires.
Le résultat de l’indignation et de la mobilisation sociale est démolisseur. La monarchie, les institutions politiques, judiciaires, les bureaucraties syndicales,… somme toute, tous les piliers de la Transition, craquent.
Même s’ils arrivent à former un gouvernement, ça sera l’exécutif le plus faible des dernières décades. C’est-à-dire, il sera le gouvernement qui trouvera la plus grande résistance populaire contre des mesures d’ajustement imposées par la Troika qui feront pâlir – comme il est arrivé en Grèce – les antérieures.
L’UE aussi se trouve plus faible que jamais et moins légitimée après le référendum du Royaume Uni. Le Brexit – qui a aussi fait crouler toutes les enquêtes – jaillit avec force et rage dès les zones ouvrières les plus frappées. C’est un coup de pied dans la gueule des politiciens de la City qui comme la misère, selon disait Quevedo, a visage de l’épouvantail. Et même s’ils étaient des partis racistes et xénophobes ceux qui ont remporté le succès, c’est à cause de la subordination d’une gauche intégrée dans le système aux politiques du capital qui diabolisent le questionnement de l’UE. Mais surtout, à cause de l’absence d’alternatives de clase révolutionnaires qui remplissent la tâche historique de détruire l’ordre imposé par la Troika, perçue par chaque fois plus de secteurs de la classe ouvrière comme la responsable de son désespoir.
Et c’est cette faiblesse des oligarchies européennes qui, en leur déstabilisant – comme il est arrivé dans toutes les grandes crises de l’histoire – ouvre plus de possibilités aux processus révolutionnaires. Tant que la colère populaire ait un référent politique capable de construire le chemin de la prise du pouvoir…
.. et plus en détail dans le cas de IU et PODEMOS…
C’est précisément pour ça qu’UNIDOS PODEMOS s’est montré incapable
Cette coalition n’a pas su tirer la leçon de Syriza qui montrait dramatiquement que le temps des réformismes touche à sa fin. Du long million de personnes qui a laissé de les voter, une bonne partie a compris que la coalition ressemblait tellement au PSOE (comme il est arrivé si souvent à IU) qu’elle a préféré voter l’original; une autre partie voyait maintenant ce qu’elle n’avait pas aperçu auparavant.
PODEMOS continuait à perdre de la crédibilité et d’appuis au fur et à mesure que le temps passait et montrait que pour la coupole dirigeante on pouvait tout sacrifier à l’objectif de gagner de votes. Ils ont dépassé tous les limites en attentant contre la dignité et l’intelligence de beaucoup de gens qui les avaient crus. Je cite deux exemples :
L’exclusion de son programme du questionnement de l’UE et le payement de la Dette avec le fiasco de Syriza devant les yeux, avec l’argument, comme l’ont fait Varoufakis et Errejón (on a même honte de le dire!), de que « ici chez nous ce n’est pas le même cas parce que l’Espagne est trop grande », ça c’est traiter les gens d’idiots. Et les gens ont appris beaucoup ces dernières années, surtout en constituant La Marchas de la Dignidad et affichant comme slogan central le NON au payement de la Dette et chasser la Troika.
L’autre exemple, l’omission du thème de la république dans leur programme ; et plus encore, avec le culot d’interdire les drapeaux républicains dans leurs meetings. On n’avait pas vu ça depuis les temps de Carrillo. C’est peut-être ça qu’ils voulaient dire quand ils parlaient d’une « 2ème. Transition » !
L’important maintenant c’est donc accompagner la déception de tant de gens qui crurent que avec UNIDOS PODEMOS [Unis Nous Pouvons] on pouvait. C’est nécessaire expliquer à nouveau que, dans le plan électoral, celui qui veut représenter les intérêts de la classe ouvrière joue toujours dans le camp de l’ennemi. Et que pour autant les résultats seront toujours illégitimes. Il suffit de se rappeler la loi électorale même (selon elle, les territoires dépeuplés ont beaucoup plus de représentation que les zones urbaines), le control des media, l’argent des grandes entreprises, les égouts de l’État, …
C’est pourquoi, à différence de UNIDOS PODEMOS, même si la gauche cohérente, le considérant utile, décide se présenter aux élections, celles-ci seront toujours un outil secondaire de la lutte ; toujours consciente de que les changements décisifs dans la corrélation de forces ne seront jamais électoraux.
Pourquoi, malgré que la crise frappe tant de millions de personnes, a-t-il été impossible le surgissement d’une candidature révolutionnaire?
Les conditions n’y étaient pas encore. Les processus doivent parcourir leur chemin et il a fallu que beaucoup de gens illusionnées avec PODEMOS éprouvent par elles mêmes sa manque de consistance et l’irrationalité des paris institutionnelles.
L’abandon, de la part de UNIDOS PODEMOS – coalition qui d’ailleurs a liquidé IU –, de toute position de rupture, laisse un grand espace politique vide qu’il faut remplir à partir de positions de classe fermes et sur des piliers, non pas idéologiques mais politiques. Et la colonne vertébrale sera, inévitablement, le refus au payement de la Dette et la sortie de l’UE et de l’euro. L’objectif fondamental ne sera pas électoral, mais la construction d’en bas d’organisations de pouvoir populaire forgées à la chaleur de la classe ouvrière et populaire.
C’est pour cela qu’il faut se préparer parce que viendront des coups très sérieux, et donc la réponse populaire doit être plus ferme en organisation et en objectifs politiques que celle du période antérieur.
Le nouveau recoupement qu’exige la Troika pour les prochains mois, quelles conséquences aura-t-il pour les travailleurs?
L’automne va être dur. Le FMI, l’UE et le BCE n’occultent pas son impatience pour appliquer les recoupements exigés et qu’on calcule de plus de 20 milliards d’euros. Pour nous rendre compte de sa portée, il suffit de savoir que c’est presque la moitié du budget du système publique de santé et qu’il doit être appliqué en moins de six mois.
Et il ne s’agira pas seulement de recoupements dans les frais publics, il faut y ajouter les privatisations, la réduction dans les pensions… Malheureusement, la souffrance du peuple grec montre bien le chemin que nous suivront si nous ne le barrons pas.
Il n’est pas à écarter que, s’ils réussissent à constituer le gouvernement, ils prendront les mesures les plus agressives en profitant des vacances d’été, tel que le fit le maintenant appelé « progressiste » Zapatero avec la réforme de l’article 135 de la Constitution. C’est pour cela qu’il faut accélérer le renforcement organisationnel de toutes les structures ouvrières et populaires, comme par exemple, Las Marchas de la Dignidad ou d’autres, et entamer des débats autour de la construction du référent politique.
De toute façon, nous voyons que l’organisation de la résistance est très difficile. Et la présence des deux syndicats CCOO et UGT n’aident certainement pas ce processus…
Il n’est pas facile. Le degré de destruction des organisations de classe, crées jadis avec tant d’effort dans la lutte contre la Dictature, est vraiment atroce. Suffise-t-il de comparer le rôle de la CGT française – dans la toute récente lutte contre la menaçante Loi de travail française ou lors du référendum sur la Constitution européenne – avec celui de CCOO ou UGT qui semblent plutôt se plier chaque fois un peu plus aux intérêts du grand capital au fur et à mesure que la crise s’approfondit. Il n’ya qu’entendre le dirigeant Toxo (CCOO) suppliant un gouvernement « fort ».
Et ce n’est pas que le capital ne s’emploie à fond pour suborner des dirigeants dans d’autres lieux. De fait, en 2005, la direction de la CGT accorda en principe que la classe ouvrière française restât «neutre » vis-à-vis du référendum de la Constitution européenne. Mais il y a eu un révolte des bases populaires ce qui obligea le plus grand syndicat de France à faire une campagne pour le NON, ce qui fut décisif pour son rejet. Chez nous – avec l’appui des syndicats – le OUI gagna avec 77%; c’est vrai aussi qu’il y eut une abstention monumentale.
Dans l’État espagnol le mythe d’une l’Union européenne « sociale », a été un des piliers clé du « récit » – comme ceux de PODEMOS aiment dire – de la Transition. Tandis qu’on détruisait l’industrie lourde, les chantiers navals, l’agriculture et l’élevage de bétail, et avec ça, des milliers de postes de travail, la soi-disant gauche politique et syndicale fragmentait et affaiblissait la réponse ouvrière en acceptant et en reproduisant le discours du péage à payer pour entrer dans l’Europe des droits et des libertés. Dans ce péage à payer était compris l’entrée dans l’OTAN…
Beaucoup plus tard, en 2012, et dans le point algide de la mobilisation sociale contre la crise, fut créée la Cumbre Social [Sommet Social], sous l’auspice de CCOO, UGT, PSOE et IU. Tandis que l’UE imposait les politiques les plus dures d’ajustement, la « Cumbre » plaidait pour le « retour à l’état de bienêtre », revendiquait l’« Europe Sociale » et même « les aspects sociaux de la Constitution espagnole ». Le même « quartetto », en 2015, dans une pathétique tentative de dévaluer le contenu politique de Las Marchas de la Dignidad, parrainait les « Euromarchas » avec le slogan « Une Autre Europe est possible ».
C’est très important souligner la complicité de ces organisations, auxquelles s’ajoute aujourd’hui UNIDOS PODEMOS, dans la construction de trucs et machins avec l’objectif de dévaluer et vider de contenu la réponse sociale et la canaliser vers des objectifs qui ne questionnent pas le mythe européen.
Pour le moment, heureusement, leurs efforts ont échoué !
Le voyage de Pablo Iglesias au Royaume Uni plaidant en faveur de la permanence de l’UK dans l’UE, doit être ajouté à la liste des mérites pour opter à la catégorie du bon « social-démocrate »
La prochaine visite d’Obama en Espagne, les manœuvres de l’OTAN dans nos territoires… ce n’est-il pas assez pour reprendre la lutte contre l’impérialisme ?
L’impérialisme est la concentration du pouvoir de classe du capitalisme contre la classe ouvrière et les peuples. C’est le lieu où s’expriment avec le plus de virulence les contradictions entre la volonté de souveraineté des peuples et la nécessité de domination des puissances centrales d’un capitalisme immergé dans une crise profonde.
El imperialismo es la concentración del poder de clase del capitalismo contra la clase obrera y los pueblos. Es el lugar donde se expresan con mayor virulencia las contradicciones entre la voluntad de soberanía de los pueblos y la necesidad de dominación de las potencias centrales de un capitalismo en profunda crisis.
Dès les peuples des États centraux c’est dès là qu’on peut aussi attaquer les points plus vulnérables du pouvoir. La solidarité internationaliste et l’appui à la résistance des peuples, dès le ventre de la bête impérialiste, ont aussi une très grande transcendance.
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P.D.- Voici la réponse du Manifeste de Las Marchas de la Dignidad de Madrid – convoquant à une concentration devant l’embrassade des USA à Madrid le 10 juillet prochain – à la question : «pour quoi est-il nécessaire reprendre avec force la lutte ainsi que la solidarité internationaliste ?» :
Parce que un peuple qui ne sait pas qui sont ses ennemis, ne sait pas qui il est lui-même.
Parce que l’OTAN est le bras armé du capitalisme pour s’assurer que ses politiques de recoupage et privatisations s’imposent, moyennant des chantages, des actes terroristes ou directement avec des interventions militaires.
Parce que dès Torrejón, Rota, Morón, Zaragoza, Nafarroa, Valencia… dès chaque port ou aéroport utilisé par les USA ou l’OTAN, partent chaque jour l’agression et la mort vers d’autres peuples.
Parce que, tandis que des millions de travailleurs et travailleuses chez nous, manquent de tout et diminuent les ressources pour la santé ou l’éducation, des milliards d’euros sont destinés à l’armement qui ne génère que douleur et destruction
Parce qu’appartenir à l’OTAN et l’existence chez nous de bases militaires, en plus de faire impossible toute souveraineté, nous identifient comme pièce clef dans l’escalade militaire, croissante de jour en jour, contre la Russie, et nous place dans le collimateur d’une possible agression.
Parce que, face aux objectifs criminels du TTIP et le CETA/Accord Commerciale entre les USA et Canada, il faut lutter plus que jamais pour les droits du travail, pour le logement et pour les services publics.
POUR TOUT CELA
NOUS FAISONS APPEL AU PEUPLE DE MADRID, ANTIFASISTE ET ANTI-IMPÉRIALISTE, LE PUEPLE DU « NO PASARÁN », À SE LEVER POUR CRIER AU PLUS GRAN RÉPRÉSENTANT DE L’IMPÉRIALISME CRIMINEL :
OBAMA GO GOME!
CONTRE L’IMPÉRIALISME. POUR LA SOUVERAINITÉ DES PEUPLES.
NON AU PAYEMENT DE LA DETTE
CONTRE LE FMI, ET LE BANQUE MONDIALE
OTAN NON, BASES HORS D’ICI !
CONTRA EL TTIP